dimanche 21 septembre 2008

La Collégiale de Champeaux

Profitant du beau temps et des Journées européennes du patrimoine, j'ai visité aujourd'hui la Collégiale de Champeaux, village de 800 habitants situé à une dizaine de kilomètres de Melun.
La première mention de Champeaux remonte au VIIe siècle avec le testament de Sainte Fare qui fonde un monastère à quelques kilomètres de là, à l'emplacement de ce qui est aujourd'hui Faremoutiers, littéralement le "monastère de Fare". Les moniales resteront plusieurs siècles sur place mais seront remplacés par un chapitre collégial de chanoines. Leur nombre oscille entre 12 et 25 selon la période.
La construction de la Collégiale actuelle commence au XIIe siècle et s'achèvera au XIVe siècle, en fonction des finances disponibles. C'est pourquoi elle présente à la fois un style architectural roman et une architecture gothique. Mais les décorations intérieures remontent pour certaines au XIXe siècle puisque la Collégiale a bénéficié des réaménagements de Violet-le-Duc et de ses acolytes !
Le Collège va rayonner sur toute la France puisque Guillaume de Champeaux, né au XIIe siècle, enseignera à Paris, notamment auprès d'Abélard.

Les chanoines étant seigneurs de Champeaux, la Collégiale joue le rôle normalement dévolu au château et au donjon. Elle doit donc permettre de protéger la population. C'est pourquoi elle présente des aspect fortifiés, avec chemin de ronde (reconstruit en briques au XIXe siècle) et meurtrières. D'ailleurs, les troupes de Condé ont campé dans cette collégiale lorsqu'elles ravagèrent la région au XVIIe siècle. Si la Collégiale a subi de nombreux dommages lors de la Révolution, des vitraux et autres objets ont été détruits par les soldats de Condé. C'est d'ailleurs ce qui pose problème pour reconstituer l'histoire de cette collégiale qui a subi de nombreuses pertes et destructions au fil de son histoire.

Le transept, première partie de l'édifice a avoir été construite, de 1160 à 1180, représente le cœur de l'église, avec les sièges réservés aux chanoines pour leurs offices. Sur chacun d'entre eux a été sculpté une miséricorde qui correspond à un proverbe ou à la vie de Job, pour ceux constituant le second rang de la partie gauche. Œuvre d'un atelier parisien, ils présentent un véritable témoignage culturel de la fin du Moyen-Âge par les symboles représentés, par exemple Diane chasseresse qui, malgré sa nudité, représenté la chasteté des chanoines, et qui choqua l'évêque de Paris en visite à la Collégiale à la veille de la Révolution. Les sculptures furent alors recouvertes d'une épaisse couche de peinture qui ne fut retirée qu'il y a une soixantaine d'années.
Le fronton présente des garnitures avec des pentacles représentant l'esprit sain ainsi que les instruments de la Passion.
Sur le côté nord du transept, l'ancien retable déplacé dans les années soixante par le curé de l'époque parce qu'il gênait la vue du chevet. Heureuse initiative même s'il n'avait pas le droit de le faire. Ce retable, entièrement en bois, créé au XVIIe siècle représente un Christ vivant en croix, avec, à ses pieds Marie-Madeleine en prière. De part et d'autre, à gauche, saint Martin, saint patron de la Collégiale, et sainte Far, à droite (non photographiés), que l'on retrouve sur les colonnes entre le transept et la nef.


Quarante après le transept, la nef est achevée (fallait pas être pressé....). Comme la cathédrale de Sens, dont dépendait la Collégiale puisque, comme toute la région, elle était sous la tutelle de l'archevêché de Sens (et non de Paris qui n'était qu'un évêché), la nef présente une succession de colonnes simples, plus épaisses, et géminées, plus légères. Cette succession permet un allègement de la charge sur les piles sur lesquelles reposent des voutes à six pans.
Les croix d'ogive sont d'ailleurs assez belles, surtout celles du chœur.



Le chœur est achevé vers 1260-1280. soit un siècle a
près le transept.
Le chœur était réservé aux chanoines et, donc, fermé par de hauts murs et des grilles de bois garantissant aux religieux la quiétude nécessaire à leur méditation. Aujourd'hui, on voit un mur rabaissé au XVIIIe siècle, sans doute peint à l'époque mais blanc aujourd'hui.
Le chœur donne sur le chevet, achevé entre 1305 et 1315. Il semble d'ailleurs que le chœur ait été rouvert pour permettre l'achèvement de l'édifice et la construction du chevet.

Par les galeries latérales, on peut admirer de magnifiques vitraux qui présentent diverses scènes des évangiles mais aussi de la vie de Marie (sa naissance, sa présentation au temple et ses fiançailles avec Joseph). La plupart des vitraux représentent d'ailleurs des scènes des évangiles apocryphes, comme la présentation de Jésus aux rois mages, voire de mystères médiévaux.

Remarquables aussi, les peintures, malheureusement terriblement abimées, représentant la vie de Jésus, visibles sur les côtés du transept.
Ces galeries permettent de
se rendre au chevet dans lequel ont été regroupées les stèles funéraires les plus remarquables du site. Pour la plupart, elles concernent des religieux de la Collégiale, mais une, reléguée un peu à l'écart, est celle d'une famille : une veuve, son fils et son mari, sans doute mort en Croisade, et sa petite fille, décédée avant elle.
A remarquer aussi dans le chevet, deux "éviers", un en forme de conque, l'autre trapézoïdale. Le premier servait en effet d'évier, le second servait à vider les instruments liturgiques des eaux bénites qu'ils contenaient. C'est d'ailleurs pourquoi ce second évier se vide directement dans le mur de l'édifice et non à l'extérieur afin que l'eau sacrée reste dans l'enceinte de l'église.

En bref, je ne peux que vous recommander de visiter magnifique édifice, qui est, en plus sur la route de Vaux-le-Vicomte, de Blandy-les-Tours et de Provins.
Pour en savoir plus sur cette collégiale, rendez-vous sur le site suivant :
www.collegialedechampeaux.com.

Et merci au guide conférencier
sans lequel je n'aurais jamais su ce que je viens d'écrire.